Matériel et méthodes. L'enquête a concerné 688 salariés (252 portiqueurs et 436 autres salariés, hors cadres) des deux ports autonomes du Havre et de Marseille. Le recueil de données s'est déroulé au cours de la visite médicale annuelle. Un questionnaire administré par le médecin du travail a recueilli des données socio-démographiques, sur l'organisation des horaires de travail, le contenu du travail, ainsi que sur les contraintes physiques au travail, en particulier les gestes, et divers indicateurs de santé (dont le GHQ28 pour explorer la santé psychique). Le traitement statistique a constitué en une analyse comparative (test t pour les moyennes, test du Chi² pour les distributions) des 2 populations de salariés. Une analyse en régression logistique (RL) a été réalisée pour rechercher les variables expliquant l'existence de troubles anxio-dépressifs ou de troubles somatiques essentiellement ostéoarticulaires (calcul des odds-ratios). Résultats. La santé des deux populations "portiqueurs" et "non portiqueurs" est dans l'ensemble assez comparable. Elle diffère peu de celles d'autres populations de salariés français au travail. Plusieurs points méritent cependant d'être soulignés. Les troubles ostéo-articulaires de la colonne vertébrale cervicale et lombaire, sont à des niveaux comparables voire supérieurs à ceux ressentis par des salariés connus pour avoir également des troubles de ce type (représentants de commerce, chauffeurs poids lourds) ; ces troubles sont plus fréquents que ceux observés dans des populations de salariés sédentaires. Ces troubles sont particulièrement liés à des contraintes physiques (inclinaison de la tête, rotation du dos, tâches de gabier-accoreur, inclinaison du tronc à plus de 60°, effort statique des bras, ou mobilisation de charge lourde, gestes précis et/ou répétés de la main). Cependant, les facteurs concernant le contenu du travail (charge mentale) et les relations au sein de l'entreprise jouent également un rôle important. De même, la prévalence de troubles anxio-dépressifs est élevée particulièrement au Havre, mais aussi chez les non portiqueurs de Marseille ; les facteurs d'organisation du travail pèsent sur ces troubles d'un poids important, à côté de facteurs de stress plus personnels, mais dont certains sont liés au travail (difficultés financières, stress généré par les restructurations...). Enfin signalons, une prévalence de l'hypertension artérielle peut-être un peu élevée, en relation de façon très classique avec l'âge, le tabagisme et un surpoids assez net de ces deux populations. En conclusion, il s'agit d'une étude transversale de salarié de deux grands ports maritimes français. Les troubles articulaires observés aussi bien chez les portiqueurs, que dans le groupe des non portiqueurs sont à mettre en relation avec deux types de contraintes au travail : - d'une part une contrainte physique à travers certains gestes (dont certains sont particulièrement spécifiques du post de portiqueur), d'autre part une charge mentale importante. Enfin, une prévalence élevée de troubles anxio-dépressifs est à mettre en relation avec ces mêmes facteurs d'organisation au travail. La prévention de ces troubles doit s'attacher aussi bien à diminuer les contraintes physiques liées à certains gestes qu'à améliorer l'organisation du travail, en particulier les relations humaines dans l'enreprise.

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